Prix international Prix international prix 2005: BiH

Prix 1997: Algérie Prix 1998: Rwanda Prix 1999: Chine Prix 2000: Serbie-Kosovo Prix 2001: Moyen Orient Prix 2002: Ecuador Prix 2003: Italie Prix 2004: Pologne prix 2005: BiH
prix 2006: Indonésie Prix 2007: Afrique du Sud Prix 2008: Somalie Prix 2009: Iran Prix 2010: Fondation Stava 1985 prix 2011 haiti - dadoue prix 2012: Tunisie
(15) langer Prix 1997-2011 (18) Price 2008 (18) Price 2008 - II (18) Prix 2004 (2) Prix 2005 (13) Prix 2006 (8) Prix 2007 (15) prix 2009 (36) Prix 2010 (6) prix 2011 - haiti (36) prix 2012 - Tunisie (26)

Irfanka Pašagić Prix Alexander Langer 2005 - avis motivé du jury

2.7.2005

Le comité scientifique et de garantie de la Fondation Alexander Langer, composé de Renzo Imbeni (président), Gianni Tamino (vice président), Anna Bravo, Ursula Apitzsch, Patrizia Failli, Annamaria Gentili, Liliana Cori, Pinuccia Montanari, Margit Pieber, Alessandra Zendron, a décidé d’attribuer le prix 2005, doté par la Fondazione Cassa di Risparmio/Stiftung Südtiroler Sparkasse de Bolzano de 10.000 euros, à Irfanka Pašagić, présidente de Tuzlanska Amica.

Irfanka Pašagić est née à Srebrenica en 1953. Après avoir fait ses études à Sarajevo et à Zagreb, où elle a obtenu un diplôme de psychiatre, elle est retournée dans sa ville natale où elle est restée jusqu’en avril 1992. Elle a été déportée lors des premières opérations de nettoyage ethnique et après maintes difficultés elle a réussi, avec d’autres réfugiés, à atteindre la ville de Tuzla, qui après la chute de Srebrenica en juillet 1995 fut envahie par une nouvelle vague de réfugiés, dont une très grande majorité étaient des femmes et des enfants, des veuves et des orphelins, tous dans un état de dénuement extrême. Avec le soutien du réseau international "Ponti di donne tra i confini", créé en 1993 par Spazio pubblico de Bologne, Irfanka y a fondé le centre Tuzlanksa amica. Grâce à un projet de parrainage à distance elle a réussi à donner une famille à plus de 900 enfants et a entre-temps aussi créé un foyer pour orphelins devenus majeurs. Le bâtiment-siège a un beau jardin et un grand salon où ont lieu des cours de langues et l’on propose des rencontres conviviales. C’est l'un des rares endroits où les femmes, les enfants et les hommes traumatisés peuvent trouver une aide psychologique, mais qui offre aussi assistance médicale, sociale, scolaire et juridique. D’autre part, cela a aussi permis de créer des emplois, destinés en premier lieu aux jeunes femmes réfugiées qui par leur expérience vécue savent nourrir leur travail d’une profonde empathie pour les personnes qui s’adressent au centre.
Le parrainage à distance, soutenu par un extraordinaire réseau d’associations et d’institutions oeuvrant principalement en Emilie Romagne et en Ligurie, ne se limite pas aux dons ou au soutien financier. Au-delà de l’échange de lettres et de photos, les parrains/marraines reçoivent régulièrement des nouvelles concernant l’état de santé et le progrès scolaire de leurs enfants parrainés. On les encourage également à leur rendre visite ou bien à accueillir les enfants chez eux pendant les vacances.
Grâce à l’ONG néerlandaise Mala Sirena, Irfanka a pu réaliser une autre idée qu’elle estimait importante, c.-à-d. mettre en place une équipe mobile pour aller chercher et assister dans les campagnes les cas difficiles et non connus parmi les plus de 250.000 réfugiés vivant dans des conditions extrêmement précaires dans le district de Tuzla et Srebrenica, en apportant d’abord des secours humanitaires et ensuite en vérifiant l’opportunité d’une intervention psychologique auprès des membres les plus vulnérables de la famille.
Irfanka Pašagić participe au projet “Promoting a dialogue: democracy cannot be built with the hands of broken souls”, dirigé par la psychologue clinicienne et «traumatologue» de New York Yael Danieli. Dans le cadre de ce projet elle s’est aussi rendue plusieurs fois au Rwanda. Il s’agit d’un projet de promotion du dialogue interethnique qui s’adresse particulièrement aux professionnels de l’assistance sociale et de l’aide médico-psychologique, dans le but de briser la conspiration du silence qui ne fait que perpétuer les traumatismes et les conflits entre les générations. Dans le même esprit, elle collabore avec «Women of Srebrenica» et avec beaucoup d’autres personnes comme la directrice du HLC à Belgrade Natasa Kandic et la pédiatre kosovare Vjosa Dobruna, lauréates du prix Langer 2000, qui oeuvrent dans la même direction.
"Traumi di guerra" et le recueil de récits d’enfants "I bambini ricordano", réalisé par Ljubica Itebejac, une pédagogiste de son équipe, décrivent efficacement son travail de psychiatre.

Irfanka a toujours fait preuve d’une grande sensibilité et savoir faire en trouvant les aides appropriées pour les dizaines de milliers de réfugiés dans le district de Tuzla. Elle a soutenu de nombreuses ONG locales et internationales dans leur travail, refusant et combattant les idées reçues, sans pour autant épargner les critiques, y-compris celles adressées à son propre groupe. Il est rare de l’entendre parler de «serbes», «croates», «bosniaques», car selon elle chacun doit assumer ses propres responsabilités. Au cours de sa longue expérience professionnelle avec les femmes et les enfants traumatisés elle a écouté des centaines de récits terribles. Pourtant, il n’y a jamais de rancœur dans ses propos, même pas quand elle parle des gens qui ont occupé sa maison. Lorsqu’on lui demande quelle est la situation en Bosnie, elle répond: «Viens voir!» Et puis elle a hâte de connaître les impressions des «visiteurs» et est toujours disposée à répondre pleinement à leurs questions. De la même façon, elle en comprend le désarroi.
De nombreux jeunes travaillent comme volontaires au centre Tuzlanska amica, où ils bénéficient d’une formation encadrée et qualifiante. C’est pourquoi les Services de la formation professionnelle de Bolzano, qui organisent une formation pour l’intervention civile de paix, ont conclu un accord avec le centre pour y effectuer des stages sur le terrain dans le cadre du programme.
Irfanka Pašagić peut vraiment être appelée une femme porteuse d’espoir. En lui attribuant le prix cette année, la Fondation, quant à elle, veut encourager la réflexion sur le massacre génocidaire de Srebrenica et au même temps refaire le chemin qui avait amené Alexander Langer à adhérer et faire sien l’appel de la ville interethnique de Tuzla.

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