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Le Prix international Alexander Langer 2002 a été attribué à Esperanza Martínez Yánez, Equateur

4.3.2002
Le comité scientifique et de garantie de la Fondation Alexander Langer, composé de Renzo Imbeni (président), Gianni Tamino (vice-président), Pinuccia Montanari (porte-parole), Ursula Apitzsch, Anna Bravo, Elis Deghenghi Olujiæ, Sonia Filippazzi, Margit Pieber et Alessandra Zendron, a décidé d’attribuer le prix international Alexander Langer 2002, doté de 10.000 euros, à Esperanza Martínez Yánez,

fondatrice en Equateur de l’association «Acción Ecológica» (section équatorienne de «Friends of the Earth»), coordinatrice de l’observatoire sur le développement socio-environnemental en Amazonie et co-fondatrice de Oilwatch, un réseau international de résistance à l’exploitation pétrolière, créé pour protéger les écosystèmes sensibles et défendre les anciens droits des peuples indigènes.
Esperanza Martínez, âgée de 43 ans, mère de trois enfants, est une biologiste avec spécialisation en gestion de l’environnement. Esperanza est née et a grandie au Panama, où elle a aussi fait presque toutes ses études. Rentrée en Equateur, elle a décidé de mettre ses connaissances au service des parties de la société les plus faibles et les moins protégées ainsi que de l’environnement, se consacrant entièrement à cette cause.
Au début des années 70 le gouvernement de son pays a octroyé des concessions pétrolières à des multinationales internationales pour rechercher et extraire du pétrole dans un vaste territoire de l’Amazonie de plus d’un million d’hectares parmi les plus riches en espèces animales et végétales de toute la planète. L’activité pétrolière dans des écosystèmes si fragiles comme celui de l’Amazonie cause la dégradation de l’environnement et empire les conditions de vie des indigènes en leur empêchant d’utiliser le territoire et ses ressources naturelles et détruisant le système social consolidé.
Bien consciente de la complexité des intérêts en jeu, Esperanza Martínez a décidé d’apporter son soutien aux groupes de femmes et aux associations locales. Avec patience et beaucoup de ténacité, en partant de la région amazonique, elle a contribué à établir un réseau d’alliances toujours plus étendu, dont entre temps font partie de nombreuses associations du sud et du nord de la terre. Elle a su unir la demande de reconnaissance des droits violés et d’un moratoire à l’exploitation pétrolière, qui est cause de pollution et provoque une perte de biodiversité, avec les thématiques plus générales telles que l’effet de serre et le changement climatique, mises en évidence par l’Assemblée de l’ONU lors du Sommet de la Terre à Rio.
De nombreux groupes de résistance indigène – dont par ex. Amigrana au Vénézuéla, Censat et Uwa en Colombie, Racimos de Ungurahui au Pérou, Mapuche en Argentine, Kalayanamitra Council en Thaïlande, Eri en Birmanie, Era et Mosop au Nigeria et des groupes en Géorgie - ont donc pu se connaître, échanger leurs expériences directes, acquérir des nouvelles compétences et se soutenir réciproquement.
A partir de là, en 1990 a d’abord été créé l’»Observatoire sur le développement socio-environnemental en Amazonie», une plate-forme de travail en commun et de confrontation entre organisations écologistes et syndicales, puis l’association «Acción ecológica» avec sa campagne internationale «Amazonia por la vida» et en 1996 l’organisation de résistance à l’exploitation pétrolière «Red de Resistencia a las Actividades Petroleras en los Trópicos – Oilwatch», dont Esperanza Martínez est actuellement encore la coordinatrice et à laquelle adhèrent plus de 100 groupes indigènes, écologistes, religieux et de défense des droits humains de 46 différents pays d’Asie, Afrique, Amérique Latine, Europe, Etats-Unis et Australie.
En mai 1995 elle a porté son témoignage à la Conférence de Venise sur les «Femmes pour le droit à un environnement sain et à la justice» pour soutenir le projet pour l’institution d’une cour internationale pour l’environnement auprès des Nations Unies. En 1998 elle a obtenu l’introduction dans la constitution équatorienne du principe de précaution, moteur de toute la politique sur l’environnement, ainsi que du «droit collectif à un environnement non contaminé».
Parmi les livre d’information pour tout publique dont elle est coautrice il faut signaler «Amazonia por la Vida: Debate ecológico del problema petrolero en el Ecuador» (1993) et «Guía para enfrentar las actividades petroleras en territorios indígenas» (1994). Elles a aussi préparé l’édition de deux volumes consacrés à l’exploitation pétrolière dans les pays tropicaux - «Oilwatch» (1996) et «Voces de Resistencia a la actividad petrolera en los Trópicos» (1997) – et a publié de nombreux articles, en Equateur et dans d’autres pays, sur ce thème décisif.
Dans les dernières années Esperanza Martínez s’est concentrée sur la lutte contre la construction d’un oléoduc qui traverserait l’Equateur de l’est à l’ouest au détriment de plusieures régions fragiles et très peuplées. Récemment elle a participé à l’occupation non-violente du Ministère de l’Energie. Son engagement pour l’affirmation du droit à un environnement sain dans son pays a été énergique, mais toujours non-violent dans ses méthodes. Elle s’est mise au service de cette cause avec passion et intelligence, sans relâche, mais sans jamais oublier le sourire. Pour son style de travail et pour sa cohérence l’écrivain Jeo Kane l’a définie «el corazón verde del Ecuador» (le cœur vert de l’Equateur). Nnimmo Bassy a écrit: «Esperanza est une femme qui possède des convictions très fortes et profondes. Elle a les caractéristiques d’une révolutionnaire. Ce qu’elle te transmet surtout? Des convictions! Elle t’aide à marcher dans l’obscurité, n’importe à quel point profonde, car elle sait qu’au bout du tunnel il y aura la lumière.»
Dans l’année du Sommet mondial sur le Développement Durable qui se tiendra à Johannesburg en août/septembre prochain, dix ans après celui de Rio en 1992, beaucoup de pays ont adapté leurs législations nationales aux Conventions internationales visant à protéger et sauvegarder notre environnement limitée. Cependant dans plusieurs pays dans le monde on observe une augmentation de la déforestation et de la pollution, beaucoup d'hommes et de femmes vivent encore sous le seuil de la pauvreté, les injustices se multiplient et les droits individuels et collectifs sont souvent niés.
En attribuant ce prix à Esperanza Martínez le comité scientifique de la Fondation Alexander Langer veut signaler que les grands événements internationaux dans lesquels ont été placées des attentes élevées peuvent enfin décevoir, si de leur côté les individus et les communautés ne s'impliquent pas activement afin de permettre une conversion écologique profonde et socialement désirable qui, comme le répétait souvent Alexander Langer, encourage une véritable «paix entre les hommes et la nature».

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